Et si on refaisait un peu les présentations ?

(Comment on en vient à vivre un métier passion ?)

 

Je suis indépendante depuis tellement longtemps (2011) que j’ai tendance parfois à occulter ce qu’est de vivre une vie de salarié.e où l’on ne vit pas forcément un métier « passion ».

C’est lors de la dernière fête des voisins, quand il a fallu présenter qui j’étais, ce que je faisais, comment j’en étais arrivé.e là que j’ai réalisé que l’entreprenariat ne parlait pas à tout le monde et surtout qu’étaient souvent occultés dans l’histoire que l’on raconte ou se raconte sur l’entreprenariat, les choix qui ont été fait pour en arriver là, à cette liberté, cette liberté qui demande force et abnégation  et surtout que « en arriver là » ce n’est encore que le début du chemin des âmes créatives.

Dans son livre « Veiller sur elle », Jean Baptiste Andréa a cette très jolie phrase quand il parle des artistes et des œuvres d’art (qui peut s’appliquer aux créateurs et créatrices en tous genre) «  …les arts célébrés ici, que quand on pense avoir trouvé ce que l’on cherche, on s’aperçoit qu’il n’en est rien, que la chose est toujours devant nous, élusive. Lorsque nous faisons un pas vers elle, elle en fait un aussi, que nous espérons juste un peu plus court que le nôtre, pour entretenir notre espoir de la rattraper un jour. Une œuvre n’est que le brouillon de la suivante. »

 

Les choix que l’on fait.

Je pourrais raconter mon histoire entrepreneuriale en disant que je n’ai pas eu le choix. Et autant être sincère avec vous. Je le pense. Non pas qu’ON ne m’ait pas laissé le choix, mais simplement, je n’ai pas su faire autrement. Chacun de mes pas dans l’aventure de l’indépendance m’a été imposée par une force invisible, une intuition, vécue dans le corps et le cœur bien plus que dans la tête.

J’aurai pu occulter les signes. Mais ce n’est pas mon genre.

Au départ, je vous assure, j’ai essayé. J’ai démarré ma carrière chez Marionnaud, d’abord comme stagiaire en relation presse, puis en CDD multiples au service communication avant de signer mon premier CDI. Une chose est certaine ; j’ai adoré ce job. Les rencontres que j’y ai faites, la découverte de multiples facettes du métier de communicant, les interfaces avec les agences de pub, les imprimeurs. J’y ai aimé beaucoup, beaucoup de choses. Et puis mon destin a basculé une première fois après la naissance de ma première fille. On est en 2009. A mon retour de congé maternité, on me refuse un poste de manager. Je m’offusque. Je m’en vais.

J’imagine souvent ce qui se passe dans une de mes vies parallèle où je fais un choix différent à ce moment là… Est-ce que les lignes de vies se rejoignent, à quel moment ? le confinement ? Je vous ai perdu ? Continuez votre lecture

Dans ma vraie vie donc, nous sommes en 2010. Je pars de chez Marionnaud. Et je rêve que je monte mon entreprise. Comme je suis fille de boulangers, mon imaginaire laisse peu de place aux grandes révolutions : je veux monter une sandwicherie.

JE cherche un local, un nom, quelque chose. Cela dure des mois, il ne se passe rien. Je ne trouve pas et puis surtout j’ai comme une boule dans le ventre à chaque fois que je visite un nouveau local. Je repasse par la case salariée quelques mois. Chez Gaumont Pathé, service communication, le rêve. Sauf que tout cela tourne très vite au cauchemar et que je décide de m’en aller à la fin de ma période d’essai.

EN 2011, coup de pouce du destin, je rencontre au hasard une copine de BTS qui bosse en agence immobilière à Levallois. Quinze jours après, je démarre ma nouvelle vie comme agent commercial en immobilier. J’obtiens mon premier numéro de SIRET.

2016, alors que je vis bien de mon métier, sans être non plus classée parmi les meilleures commerciales du réseau ( je loupe la distinction à 5000 euros près, ce qui déclenchera la suite…), mon directeur de l’époque me convoque. On est en janvier, je sors à peine d’une grippe. Il me dit « je vends ». Je réponds je rachète. Et me voilà projetée dans ma nouvelle aventure entrepreneuriale. Je vous passe la même année, le divorce de mes parents, celui de mon frère et le mien…

MAIS ALORS ET L’ECRITURE ? ET LES COLLAGES ? ET LA CREATIVITE ?????

J’y viens, j’y viens. Doucement mais sûrement. Ou plutôt j’y reviens. Ma séparation engendre ce drôle de truc qui ne me semble pas pourtant lié ; je me remets à écrire.

Parce qu’en fait, avant, j’écrivais. De mes 14 à mes 22 ans. J’écrivais. Des poèmes, des débuts d’histoire. Une pochette entière de mots que j’avais oublié.

Parce que comme beaucoup, en entrant dans la vie active, salariée, puis d’entrepreneure, j’ai oublié qu’un jours j’avais écrit. Dessiné aussi. Collectionné les magazines.

Donc, je me sépare, je me remets à écrire. En passant par le mode journal tout d’abord. Timidement. Juste quelques mots jetés ici ou là ;

Puis vient, enfin. Le confinement.

 

Ce qu’il reste de nous quand on est plus défini par la société

Ce récit là à ce quelque chose de fou qu’il est partagé par de larges tranches de la population de la même manière. Comme une renaissance à soi. Bien vécu ou mal vécu, ce silence imposé raconte quelque chose de ce que l’on est vraiment quand nous n’avons plus à produire.

Pour ma part, ce confinement a été angoissant, financièrement. Plus d’agence, plus de signature notaire, plus d’argent. 

Sur le plan de la créativité il s’est passé tout autre chose.

J’ai tenu un journal, agrémenté de photos ; j’ai écrit un premier roman et surtout co crée tout un livre « Silences » odyssée photo poétique qui met en scène une héroïne vivant sa nuit noire de l’âme et se terminant sur la lumière. Pour ce recueil, j’ai exhumé mes anciennes poésies. Écris de nouvelles. Conçue avec Amélie, de A à Z un projet artistique qui nous a mené jusqu’à une exposition.

Bref, tout ce que j’avais à dire et qui auparavant restait coincé là quelque part à trouvé le chemin de l’expression.

Mon premier collage est né au moment de Silences. Amorçant le début d’une ère nouvelle dans mon chemin de vie.

La suite dans un prochain article